
Il y a environ 8 semaines (en avril 2010), j’ai reçu un message d’une amie sur Twitter. Elle m’écrivait pour me parler d’une nouvelle boutique de cupcakes qui allait ouvrir dans son quartier et elle voulait savoir si j’étais au courant. « J’ai bien une idée de qui il pourrait s’agir, » lui ai-je alors répondu, « Quel est le nom de cette boutique? » Quelques heures plus tard un nouveau message apparu dans ma boîte aux lettres, « Est-ce que c’est toi? » me demandait mon amie. En pièce jointe il y avait la photo d’une femme que je n’avais jamais vu auparavant qui regardait la caméra depuis la porte de sa boutique. Mon cœur s’arrêta de battre quand je vis, au-dessus de sa tête, le nom peint sur la façade de la boutique de cupcakes pas encore ouverte. Ce nom était beaucoup trop similaire à celui de ma propre marque pour que je l’accepte ! (Comme je refuse de consacrer ne serait-ce qu’un millimètre de mon blog à citer cette boutique, je me contenterai de l’appeler CopyCat Cupcakes – « copieuse » en anglais – nom qui en plus, histoire de s’amuser un peu, reprend mon diminutif « Cat » !
Je me suis immédiatement rendue sur Google pour trouver des informations sur CopyCat. Mais, chose incroyable mais vraie, sur google.fr si vous tapez le vrai nom de CopyCat Cupcakes vous obtiendrez environ 2,000,000 résultats, dont les 14 premières pages renvoient toutes à mon entreprise, Little Miss Cupcake, et AUCUNE à la sienne. Bref ! J’ai alors appelé quelques amis du métier et, environ dix minutes plus tard, l’un d’eux m’a envoyé une copie de la demande faite par CopyCat auprès de l’INPI (Institut national de la protection industrielle) pour déposer sa marque (cette information est disponible sur le net). Oh malheur ! Et ce que j’appris ensuite me fit bouillir de rage... Dans le cadre d’un procès, c’est en général le premier à déposer la marque (en février 2010 dans son cas) qui l’emporte sur celui qui a été le premier à l’utiliser (en l’occurrence moi depuis 2008).
Je viens du monde de la publicité. J’aurais dû savoir qu’il fallait que je me protège. Il allait de toute façon falloir que je règle cette histoire de marque déposée à un moment ou à un autre. Mais la vérité c’est que le marché des cupcakes en France est tout petit et très spécialisé. Nous ne sommes qu’une poignée à faire des cupcakes à Paris, et comme ma marque est tout de même assez connue, cela ne m’était même pas venu à l’esprit que quelqu’un pourrait un jour me voler mon nom! Imaginez un peu que j’ouvre une boutique de jouets et que je l’appelle La Recrée? Je pense qu’on me transformerait en chair à canon (à cupcakes bien sûr)! Cela se rapproche d’ailleurs assez bien de ce que CopyCat Cupcakes me fait subir.
Je souhaitais vraiment lui laisser le bénéfice du doute : peut-être que cette similitude entre nos deux noms n’était que pure coïncidence ? Mais entre nous, si vous comptiez investir plusieurs milliers d’euros dans une nouvelle boutique de cupcakes, ne feriez-vous pas au moins quelques petites recherches avant? Si elle avait ne serait-ce que tapé « cupcake » sur google.fr, elle aurait vu tout de suite que Little Miss Cupcake apparaissait dès la première page de résultats. J’ai ensuite appris qu’elle avait acheté les droits d’utilisation d’un nom de domaine qui est pratiquement une itération du mien ET lancé un blog ici-même sur Blogger avec une URL quasi identique à la mienne. Là, j’ai tout de même arrêté de croire aux « coïncidences ». Le terme juridique qui qualifie ce qu’elle fait est « parasitisme », et je dois dire que ça lui va comme un gant!
Quelques amis travaillant dans le domaine juridique m’ont conseillé de contacter CopyCat afin de voir si nous pouvions envisager une solution à l’amiable. Si cela ne marchait pas, ils m’ont dit que je pourrais former une opposition auprès de l’INPI. Je ne souhaitais pas que la situation s’envenime, j’ai donc envoyé une lettre informelle à CopyCat pour ouvrir la discussion. Pourrait-elle envisager de changer son nom? J’étais même disposée à lui rembourser les frais importants de son dépôt de marque. J’avais de l’espoir, parce qu’à ce moment là elle n’avait pas encore ouvert sa boutique et ne pouvait donc pas avoir déjà investi énormément dans le nom… Mais ma lettre demeura sans réponse. Et puis, deux semaines plus tard, je reçus un courrier d’un grand cabinet d’avocats sur les Champs-Elysées. L’avocate commençait par dire que je ne pouvais pas revendiquer un mot aussi générique que « cupcake » comme étant le mien (chose que je n’ai jamais faite) et que je ne pouvais certainement pas empêcher d’autres personnes de faire et de vendre des cupcakes en France (ah bon? Moi qui pensais que je détenais les droits d’exclusivité pour être le SEUL traiteur spécialisé en cupcakes en France, le ciel me tombe sur la tête!).
Ensuite, l’avocate poursuivait en disant que ma revendication de droit de propriété sur le nom Little Miss Cupcake était ridicule, que je n’étais même pas une vraie entreprise (Ah bon? Pourtant j’ai un numéro de SIRET qui dit le contraire. Peut-être que je devrais arrêter de payer des impôts sur mes revenus ?!) et que personne n’avait jamais entendu parler de moi (Euh, tous les articles de presse qui citent Little Miss Cupcake dans L'Express, Psychologies, Elle, Grazia, Huffington Post, New York Magazine, New York Times, etc. etc. etc. ....toutes les demandes de participation à des émissions de télévision…je les ai peut-être inventés ....tous mes fans sur Facebook, sur mes blogs, sur twitter – et je vous aime tous ! – sont le pur produit de mon imagination?... Et les très très nombreuses demandes de collaboration reçues en France, mais aussi en Allemagne et au Japon, elles devaient s’adresser à une autre Little Miss Cupcake qui, coïncidence extraordinaire, a la même adresse email que moi?). Et le pompon : elle affirmait avec aplomb qu’il n’y avait pas de similitude entre nos deux noms (le mien se compose de 3 mots: « Little » « Miss » et « Cupcake », le sien de 2 mots, tous deux se trouvant dans mon nom) MAIS m’avertissait que dorénavant je ne devais plus utiliser le nom de Little Miss Cupcake dans aucune communication en dehors de mes blogs. Pardon?
Ces dernières semaines ont été cauchemardesques. J’ai passé de nombreuses nuits blanches à cause de cette affaire et les choses ne semblent pas suivrent lentement leur cours. J’ai travaillé d’arrache-pied pour bâtir ma réputation. Quand je pense à toutes ces longues soirées et matinées passées à concevoir avec amour des décorations pour mes cupcakes, à réaliser des commandes personnalisées; tout ce temps que j’ai sacrifié à mes enfants et à mon mari pour lancer mon entreprise et faire connaître le nom de Little Miss Cupcake, cela me fend le cœur. Je vais faire tout ce que je peux pour garder mon nom et pour empêcher CopyCat de profiter de tout mon travail, mais malheureusement je ne pense pas que l’affaire se présente en ma faveur.
Un message reçu de Natalie de chez Bake and Destroy me dit d’essayer de rester positive, que je devrais peut-être voir tout cela comme une opportunité de me réinventer. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. En tout cas, le but premier de ce message était de vous dire à quel point j’appréciais tous les gentils messages de soutien que vous m’avez envoyés. Pour ceux d’entre vous qui veulent comme moi lancer leur entreprise, prenez le temps de faire les démarches pour vous protéger d’une telle situation. Et pour ceux d’entre vous qui ne suivez pas mon blog régulièrement et qui êtes tombés sur cette page par hasard, je veux que vous sachiez : je n’ai PAS (encore !) de boutique à Paris et je n’ai rien à voir avec une certaine boutique située dans le 18ème et qui porte un nom similaire. S’il vous plait, ne vous méprenez pas en pensant que vous achetez des cupcakes de chez Little Miss Cupcake. Pour le moment, mes cupcakes sont uniquement disponibles sur commande directement de mon atelier. A suivre........
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